mercredi 22 novembre 2006

Ma rentrée littéraire à moi

(La rentrée littéraire n'a rien à voir avec les Amandiers en fleur, de Van Gogh.
C'est juste que j'aime bien ce tableau).


Personne ne peut dire qu'il a tout lu, et c'est loin d'être mon cas.
Car, moi, oui, contrairement à Emma Bovary,je ne passe pas tout mon temps à lire des romans.
On sait tout de suite où cela mène, ce genre d'activité oisive.
Mais, du haut de ma subjectivité, je peux quand même l'affirmer : Ma rentrée à moi, tout bien considéré, a été...

Maritime

Ben oui, parce qu'Eldorado, de Laurent Gaudé, parle de clandestins, de boat people qui tentent d'atteindre l'Italie contre vents et marées, si je puis me permettre l'expression.
Cela parle aussi des états d'âme de Salvatore Piracci, qui les chasse, les interroge, qui les piste à longueur de nuit, et qui, au bout d'un moment, ne le supporte plus.
C'est assez bien raconté, même si Gaudé s'est fait plutôt engloutir par la critique.
Pour résumer, cela ne vaut peut-être pas 18 euros 70 illico presto... Attendez la sortie en poche, et dégustez-le le temps d'un Toulouse-Bordeaux... en Corail.


Philosophicomique

Alors là, achetez sans hésiter. Si jamais, au grand jamais, vous n'êtes pas satisfait, je m'engage à vous rembourser. Car je le clame : Ce qui est perdu, de Vincent Delecroix est une pure merveille.
Avant Vincent Delecroix, je n'y connaissais rien à Kierkegaard. C'est comme ça.
Je manque de culture philosophique. Hé bien, rien n'a changé.
La différence, c'est que j'ai ri en pensant à Kierkegaard. Parce que Soren est presque rigolo dans les mains de Delecroix.
Rien que pour cela, Ce qui est perdu a gagné... mon coeur.
Ensuite, la force du roman, c'est que c'est une lettre de rupture géante, mais pas larmoyante comme une chanson de Brel. C'est même drôle.
Le narrateur devient l'ombre de son ombre, l'ombre de sa main, l'ombre de son chien, mais avec panache. On peut être quitté et continuer à causer philo et littérature danoise.
Bien sûr, je mentionne à peine l'écriture, formidable, le rythme et le ton, qui restent soutenus. Ce roman vaudrait bien un post à lui tout seul, mais c'est simple : il vaut une suggestion d'achat. Mieux, un ordre.

Picturale

Encore un roman dont on n'a pas assez parlé.

L'imprévisible, de Metin Arditi, est très surprenant. Pour plusieurs raisons.
D'abord, parce qu'il raconte l'histoire d'une très belle toile de Bronzino, et ce, très très bien. Ensuite, parce que Metin Arditi écrit bien, je trouve.
Parce que la structure des chapitres me semble intéressante. Parce que le personnage principal (un universitaire frustré et vieillissant, entre Woody Allen et David Lodge), m'est absolument sympathique. Parce que l'héroine s'appelle Anne-Catherine, et que c'est assez rare pour être signalé.
Parce que plein de mauvaises raisons pour aimer un roman ne le rendent que bon.


Eldorado, de Laurent Gaudé, Actes Sud, 18.70 euros.
Ce qui est perdu, de Vincent Delecroix, Gallimard, 14 euros (C'est donné!)
L'imprévisible, de Metin Arditi, Actes Sud, 18 euros.


Aucun commentaire: