jeudi 20 septembre 2007
Le roman de Pannonica
Pannonica. Drôle de nom, drôle de femme. C'est la mécène des plus grands musisiens de jazz de l'après-guerre : Monk, Miles Davis, Charlie Parker.
Pannonica, nom de tragédie. Lunettes de soleil, whisky jusqu'au petit matin et regard impassible, elle roule en Bentley et fume comme un pompier.
Pannonica de Koenigswarter : drôle de papillon dans le bop des fifties, en plein coeur de New York et surtout de Harlem. Elle a inspiré quelques uns des meilleurs musiciens de jazz de son époque.
Ma première rencontre avec Pannonica eut lieu à Arles, vers la fin de l'été. Il faut imaginer la lourdeur de l'air, le souffle du mistral, la puissance du soleil. C'est dans l'une des salles du festival de photographie que je fis sa connaissance, sous la forme de dizaines de polaroids. Des photos de musiciens, surtout Monk. Monk en voiture, Monk qui rit, Monk qui pense. Pannonica prenait patiemment en photo des hommes que l'on traitait comme des moins que rien. En 1954, les Noirs n'avaient pas le droit de vote et la ségrégation s'appliquait même à l'école.
A Arles, je fus fascinée par Pannonica. Chouette nom, me dis-je. Gracieux. Le papa de Pannonica était diplomate et accessoirement chasseur de papillons. Un jour il en attrapa un plus beau que les autres : il lui donna ce nom, dont il dota ensuite sa fille.
Dans les années 50, à New York, des hommes noirs jouent dans des cabarets de Harlem. Ils ne sont rien et pourtant ils s'appellent Charlie Parker, Thelonious Monk, John Coltrane. Pour manger, passer le mois, et répéter au chaud, ils trouvent refuge chez Nica, baronne prodigue et amie fidèle, dans sa grande maison de Manhattan. Cathouse est remplie de chats et de cats, terme générique qui désigne des musiciens de jazz américains. Nica promet à tous le gîte, le couvert, une caresse, une promesse. Pannonica, femme à chats.
Et le roman, me direz-vous ? C'est tout cela, mais en mieux. Pauline Guéna nous emporte dans le monde de Pannonica, discrètement, poétiquement. Et autant le savoir tout de suite, on n'a pas besoin de connaître grand-chose en jazz, ni d'écouter TSF tous les soirs pour comprendre tout ce qui se trame à Harlem.
Pannonica, de Pauline Guéna, Robert Laffont. 270 p., 18 euros.
Et pour vous mettre dans l'ambiance Pannonica, vous pouvez toujours écouter Round Midnight, de Monk.
mercredi 12 septembre 2007
Fonk Power
La semaine dernière je suis allée à un festival de jazz, à Paris. Mais en fait de jazz, j'y ai vu du funk. Avez vous déjà entendu, une fois dans votre vie, du funk des années 70, du vrai de vrai ? Non ? Alors, il vous reste deux choses à faire. D'abord, rergarder Jackie Brown, de Q. Tarantino, chouette film à la BO funkissime. Et puis , écouter les JBs. Les JBS, (prononcez Djeyebiz) ce sont les musiciens de James Brown: Maceo Parker, (saxophone), Fred Wesley (trombone), et Pee Wee Ellis (saxophone aussi). Ce sont eux que j'ai vus la semaine dernière.
Dans les années 70, décennie où l'Amérique doutait de tout, ces hommes jouaient une une musique festive, sensuelle, sexuelle même. D'ailleurs, le mot funk, en black slang, désigne la sueur que le corps dégage pendant l'acte amoureux. D'où l'envie, quand on écoute du funk, de se tortiller en tous sens...
Essayez voir.
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